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Nathalie Delphin
La prise en charge financière des séquelles bucco-dentaires lors de violences intrafamiliales
Nathalie est docteur en chirurgie-dentaire, diplômée en 1998. Installée en libérale près de Bordeaux depuis 2001, elle est la présidente du SFCD (Syndicat des Femmes Chirurgiens-Dentistes) depuis 2017 et référente violence ordinale depuis 2018 au conseil de l'ordre des chirurgiens-dentistes de la gironde dont elle est élue depuis 2014, ainsi qu'au sein du conseil de l'Ordre régional. Elle anime des formations "accueil des femmes victimes de violences dans les cabinets dentaires" depuis 2018 et est assesseure prud’homale.
Quel est votre projet ?
Le SFCD est un syndicat prospectif et dynamique. Il porte des actions en faveur des femmes victimes de violences. Protéger les droits des patients, faire entendre la voix des femmes et lutter contre toutes les formes de violences sont ses priorités. Composé de cadres bénévoles, chirurgiens-dentistes, il a investi ce sujet pour lutter contre les violences faites aux femmes de façon globale. Après avoir formé ses cadres, qui sont devenues des “référentes violences régionales”, il a été le premier et est toujours le seul à proposer aux membres de l’équipe dentaire une formation au repérage et à l’accueil des femmes victimes de violences en présentiel, sur chaque territoire.
Aujourd’hui, il s’attaque au problème de “la prise en charge financière des séquelles bucco-dentaires lors de violences intrafamiliales”. Ce sujet est essentiel pour le SFCD car ces victimes sont majoritairement des femmes. Dans sa patientèle, un chirurgien-dentiste voit 1 femme victime de violences par jour. Le visage, la bouche et les dents sont souvent les 1ères cibles visibles des agresseurs. 70% des coups sont portés au visage. Les coups sur les dents, invisibles au premier regard, ne sont pas ou peu pris en charge par l’Assurance Maladie Obligatoire. Ces femmes subissent aussi une violence administrative et financière qui les empêche d’être correctement soignées. Aujourd’hui, un traitement non immédiat peut engendrer des séquelles irréversibles. Le non-accès aux soins entraîne des conséquences sur leur situation économique, psychologique et physique qui n’est plus tenable d’accepter.
Le SFCD propose ainsi 3 axes de prise en charge supplémentaires :
- pour les femmes victimes de violences : la création d’un dispositif de Solidarité Nationale avec le déblocage d’un fond spécifique, à l’instar des victimes de terrorisme et d’aléas thérapeutiques.
- pour les auteurs de violences : l’engagement et la participation aux programmes réservés aux hommes auteurs de violences intrafamiliales, en application de la Convention d’Istanbul de 2011.
- pour les réseaux d’aides aux femmes victimes de violences : l’État attribue des financements, plus ou moins importants, aux organismes et associations pour les femmes victimes de violences. Aujourd’hui, il est nécessaire d’aller plus loin. Le SFCD propose de faire appel aux parlementaires, partenaires sociaux, organismes et associations des femmes victimes de violences qui sont des relais d’informations importants pour obtenir des financements pour la réparation des séquelles bucco-dentaires.
En tant que chirurgiens-dentistes, nous voyons ces femmes auxquelles nous ne pouvons apporter de solutions. Il est important de s’investir dans ce projet pour permettre à ces femmes de vivre librement : remanger, sourire à nouveau et s’investir dans la vie sociale. Tous unis, tous sensibilisés, tous acteurs !
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
- Sensibiliser le grand public, les instances représentatives et gouvernementales.
- Poser sur la table ce problème de santé publique.
- La difficulté à trouver des “potentiels” fonds de financement.
- Se faire entendre, se faire comprendre.
- La spécificité du sujet en lui-même : le bucco-dentaire étant oublié de façon récurrente dans le cadre de la santé (ce qui ne se voit pas, n'existe pas).
- La difficile et lente reconnaissance du statut de la femme victime de violences.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
Sans langue de bois : passer d’un système de soin à un système de santé ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Concrètement, c’est être accompagné pour rester en bonne santé, avoir ses besoins médicaux pris en compte que l’on soit jeune, vieux, un homme, une femme, un enfant, un travailleur... et obtenir une réponse qui nous respecte en tant qu’être humain ! L’enjeu de la santé de demain est bien là : conserver, protéger et déployer notre modèle social. Placer la prévention au centre du système de santé, préserver ce modèle qui place comme essentiel l’accès au soin et la santé pour tous dans tous les territoires, hors commerce et enfin qui nous garantit contre toutes les formes de discriminations et protège nos données de santé.
La santé environnementale est un enjeu important de ces prochaines années car elle s'appuie sur la qualité de vie, elle agit sur la santé humaine et elle est la meilleure protection contre les pandémies. Agir sur les facteurs environnementaux permet de prévenir, préserver et améliorer l’état de santé de la population mais aussi de notre planète. De façon concrète, adopter des comportements préventifs et se préserver de l’impact environnemental permettra de rester en bonne santé tout au long de sa vie.
La santé est un levier de croissance, les Français l’ont bien compris : ne pas être malade, bénéficier d’actions de prévention, de soins humains et de proximité et être acteurs de leur santé sont leurs principales demandes.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
La santé de demain sera celle que l’on propose aujourd’hui. Tout en s’appuyant sur les innovations technologiques, il s’agira de remettre l’humain au cœur de l’acte thérapeutique en garantissant la relation, professionnel de santé-patient, grâce à un accompagnement basé sur la confiance, l’écoute et l’empathie. Redonnons du sens au colloque singulier.
Nous pouvons espérer que :
les pratiques médicales seront réorientées vers la prévention et les soins précoces, pour être moins malade et permettre à tout un chacun de rester en bonne santé ;
notre système de protection sociale, basé sur la santé et non plus sur la maladie, sera durable, solidaire, universel et public, pour rendre effectif l’accès aux soins pour tous ;
la diversité des structures de soins permettra un maillage territorial réel et garantira des soins de proximité à tous ;
les personnes en situation de précarité pourront être accueillies, écoutées et soignées dignement par le praticien de leur choix ;
les personnes vulnérables seront respectées dans leur dignité et que la lutte contre les discriminations et les violences aura permis aux femmes d’être en santé, librement et dignement.