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Marie-Esther Rouffet-Degbelo
Koalou
Quel est votre projet ?
Koalou est une application qui fluidifie le parcours de soin pédiatrique et améliore l’expérience des enfants au sein des établissements de santé. Grâce à l’application, nous assurons un suivi du début à la fin de la prise en charge c’est à dire depuis l’indication de la chirurgie jusqu’à la guérison. Cela va de la mesure de l’anxiété des enfants et des parents avant d’aller au bloc et jusqu'au suivi de la douleur et des complications post-opératoire. Nous avons créé un univers ludique et pédagogique pour les parents et les enfants. Les parents retrouvent en un seul et même endroit, l’ensemble des informations nécessaires à l’opération pour se préparer. Ils peuvent également signaler toutes modifications de l’état de santé de leur enfant.
Pour les professionnels, l’objectif est de fluidifier le parcours de soin à plusieurs niveaux. Premièrement, un enfant stressé (et des parents stressés) c’est un enfant qui consomme plus de morphine, plus d’anti-douleur et qui sortira plus tard de salle de réveil au risque d’avoir une nuit d’hospitalisation qui n’était pas prévu. La prévalence de l’anxiété pré-opératoire est de 60 à 80%. C’est aussi des troubles du comportement post-opératoire. En 2007, le Dr Karling a montré dans une étude que 34% des enfants présentent des troubles 15 jours après l’intervention à type de troubles de l’alimentation, du sommeil allant même jusqu’à faire pipi au lit à cause du traumatisme. Pour cela, nous mesurons l’apparition de ces symptômes pour y apporter une réponse. Deuxièmement, fluidifier le parcours de soins d’un point de vue organisationnel. Il y a régulièrement un manque de fluidité dans le parcours lié à l’aspect administratif : manque de documents (bilan sanguin, autorisation signée des deux parents, etc.). Koalou propose une solution pour y répondre. Troisièmement, il est important d’assurer un suivi en dehors de l’établissement de santé avant et après. Car c’est là que sont générés l’anxiété et le début des complications. Il faut prendre en compte le patient dans sa globalité et également dans le cadre d’un parcours. Ce n’est pas qu’un organe qu’on opère, mais bien un enfant dans un environnement familial, social, scolaire, etc. Enfin, fluidifier le parcours c’est l’évaluer pour l’améliorer. Car la qualité du parcours de soin est un indicateur clé dans les établissements. Nos objectifs sur le sujet de l’anxiété : Prévenir, Mesurer, et traiter.
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
Il faut se convaincre soi-même avant de convaincre les autres. Dans notre formation, on ne nous apprend pas à innover, à sortir de notre zone de confort ou a entreprendre. Il a fallu se projeter, évaluer le projet, rêver et se mettre au travail. Et puis, il s’agit de faire prendre conscience à la communauté médicale de l’impact de l’anxiété, sur la prise en charge globale du patient et de la nécessité de traiter cette problématique, et de la traiter de manière durable. En effet, très peu d’établissement ont une mesure objective de l’anxiété grâce à des échelles. Et chacun mesure selon sa perception. Or, le stress (comme l’anxiété) présente de multiples facettes : certains parlent beaucoup, d’autres deviennent mutiques, etc.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
L’un des enjeux que je vois actuellement c’est la santé mentale des enfants. J’entends par santé mentale l’équilibre psychologique des enfants; leur donner des repères, évaluer leurs émotions au regard de leur vécu et mesurer leur anxiété. Prenez le cas de la crise du COVID-19. Tout le monde était préoccupé par la crise sanitaire. Seulement, les enfants ont été plus impactés qu’on ne le pense. Posez la question autour de vous sur l’impact psychologique chez les enfants. Certains vous diront que leur enfant fait plus de colères que d’habitude, d’autres vous diront qu’il a recommencé à faire pipi au lit. Une étude publiée dans « The Journal of Pediatrics » a montré l’apparition de symptôme au cours du pic de la pandémie en Chine : accaparant (36%),inattention (33%), irritabilité(> 30%), inquiétude (28%), peur pour la santé des proches (23%), problème de sommeil (21%), petit appétit(17%), fatigue(16%), cauchemars (14%), agitation (13%).
Aujourd’hui, les enfants grandissent dans un monde rempli de numérique avec beaucoup d’incertitude. Ils entendent parler de guerre, de catastrophe naturelle, de maladie contagieuse,… Il s’agit alors de créer un continuum de prévention, formation et information, distraction pour créer de la résilience. Etre prêt à faire face en outillant psychologiquement une génération. Voilà l’enjeu de la santé.
Et dans 10 ans, vous voyez ça comment ?
Si on veut avoir un impact dans 10 ans, c’est maintenant qu’il faut commencer. Contrairement à ce que l’on pense, le changement n’est pas instantané, il est progressif. Et particulièrement dans la santé. L’utilisation de la technologie va considérablement changer et faire progresser la recherche grâce au machine learning, à l’IA ou encore la VR. Donc tout l’enjeu est : « comment accompagner les professionnels de santé » à connaitre les dispositifs et à les comprendre pour les rendre le plus utiles possible. De tout temps nous avons su faire progresser la santé et c’est dans les moments de crises que nous avons vu l’accélération de ses progrès. Je souhaite que cette évolution ne puisse pas se faire au détriment d’une population qui n’aurait pas les moyens. Il faut que l’évolution puisse être la plus inclusive possible dans le développement des technologies et le progrès médical afin qu’un maximum puisse en bénéficier. En effet, il est essentiel de s’assurer que nos solutions sont accessibles à ceux qui ne savent pas lire ou ne comprennent pas bien notre langue, etc.