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Marianne Lainé
Institut médical Simone Veil
Marianne Lainé est médecin généraliste installée à Rouen depuis 1999. Marianne est également maitre de stage universitaire, directrice de thèse de médecine générale, formatrice de MGForm pour la pratique des IVG médicamenteuses pour les médecins de ville, vice-présidente du conseil départemental de l’Ordre des médecins de Seine-Maritime et médecin régulateur pour la permanence de soins au Samu de Rouen. Marianne a également fondé la maison de Santé Saint-Eloi en 2010, 50ème Maison de Santé Pluriprofessionnel de France et 2ème de Haute-Normandie et l’Institut médical Simone Veil à Rouen en 2021.
Quelle est votre initiative de santé ?
J’ai pris l’initiative de créer une nouvelle forme d’organisation des soins pour améliorer l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en ville.
La plupart des praticiens de ville, même ceux qui sont formés, ne réalisent plus d’IVG dans leurs cabinets en raison d’obstacles bien identifiés (chronophage, coût, manque de recours à l’échographie, isolement…). Le problème des délais de prise en charge trop longs des patientes est également bien connu.
Dans ce contexte, l’objectif de l’Institut médical Simone Veil est de garantir une information précoce des femmes et une prise en charge adaptée tant sur le plan médical que pour leur vie professionnelle et familiale. Unique en France, ce modèle consiste en un regroupement de professionnels autour de l’IVG : médecins généralistes, sage-femmes, infirmières, psychologues et avocats. Les praticiens ont leur propre cabinet sur le territoire et viennent réaliser des demi-journées à l’Institut.
La prise en charge est globale : réalisation de l’acte, soutien psychologique et également juridique en cas de violence, contraception, dépistage et traitement des infections sexuellement transmissibles, réorientation vers les centres d’orthogénie hospitalier si besoin.
Les chiffres sur une année d’activité montrent que nous avons réalisé 40% de l’ensemble des IVG médicamenteuses en ville de Seine Maritime et 20% de la Normandie. Nous sommes parvenus à rester ouverts toute l’année (y compris pendant les vacances) et avons réalisés plus de 1500 consultations.
Ce nouveau mode d’exercice est déjà plébiscité par de nombreux confrères et femmes du territoire. Les praticiens sont nombreux à souhaiter intégrer notre structure qui permet des échanges interprofessionnels avec des analyses de dossier et ainsi une prise en charge optimale avec un temps dédié nécessaire pour les femmes.
Pour le futur, notre idée est de développer un Institut médical Simone Veil par département. Cela nécessite un budget complémentaire à la tarification à l’acte car cette dernière ne permet pas actuellement de couvrir tous les frais d’une telle structure innovante. Les consultations sont prises en charge par la CPAM. Au-delà, avec un budget complémentaire de 150000 euros, nous pouvons couvrir le coût des locaux, du matériel médical et administratif, ainsi que le recrutement d’une coordinatrice administrative et la rémunération des consultations avec la psychologue et l’avocat. Ce budget permet également d’indemniser les praticiens pour le travail engendré par l’approche du soin en équipe.
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
L’obstacle majeur et récurrent est le financement à court et long terme de l’Institut. Au lancement du projet, il a été difficile de convaincre une partie des pouvoirs publics et des acteurs locaux qui se sont montrés frileux devant cette organisation nouvelle de soins de ville. Après un début difficile sur nos fonds personnels, nous avons finalement reçu des aides financières à court terme qui ont permis de poursuivre le projet mais dont nous attendons le renouvellement.
Cette absence de visibilité budgétaire ne nous permet pas d’embaucher une coordinatrice. Cela alourdit considérablement la charge de travail administrative qui nous détourne du soin et met en péril la soutenabilité de notre projet.
Heureusement, nous avons pu trouver du soutien, surtout moral, auprès de personnes convaincues de l’intérêt et de l’urgence de renforcer l’accès à l’IVG. Nous espérons vivement trouver des solutions de financement pérenne et le soutien des pouvoirs publics pour poursuivre notre engagement de soignants pour améliorer l’accès à l’IVG.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
Le principal enjeu est de permettre aux patients d’accéder aux soins sans délai impactant leur santé. Il s’agit en parallèle de permettre aux praticiens de retrouver du temps pour le soin en réduisant la charge administrative autour de l’exercice. Il est essentiel de remettre le soin au cœur du système de santé et non l’organisation administrative au cœur du soin.
Par ailleurs, beaucoup d’efforts ont été réalisés ces dernières années en termes d’information au public (par exemple sur les sites publics comme ameli). Cependant, au quotidien, les patients peinent souvent à trouver des interlocuteurs adaptés et (surtout) disponibles pour les prendre en charge. Le maillage professionnel doit être renforcé et rendu plus lisible. Cela doit aussi s’accompagner d’une réautonomisation de la population avec de l’éducation à la santé pour solliciter les services de soin de façon adaptée.
Enfin, les praticiens ont besoin de retrouver du sens au travers d’exercices professionnels collaboratifs, du temps de formation et du temps pour écouter, ausculter, diagnostiquer et soigner.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
J’espère une santé plus prévoyante et préventive, grâce à la science et à l’humain, pour favoriser la vie en bonne santé et diminuer les souffrances.
Les structures de soins de proximité seraient renforcées pour un parcours de soin plus lisible, fluide, bien coordonné entre les professionnels. Ces structures seraient pour le patient un lieu d’ancrage du soin, fondé sur une relation humaine accessible et continue. Installées par bassin de population, elles seraient un premier niveau de soins, avec l’ensemble des acteurs médico-sociaux de premier recours.
Les praticiens seraient déchargés des tâches administratives et de coordination pour se centrer sur les soins, accompagner le patient dans l’ensemble de son parcours. Des organisations collectives sur les territoires assureraient les tâches administratives et logistiques en réponse aux besoins spécifiques des soignants et aux réalités des bassins de population.