Laure est née à Paris, où elle a grandi et réalisé ses études de médecine. C'est à Lille, qu’elle a fait son internat en hépato-gastroentérologie, puis qu'elle s’est spécialisée en oncologie digestive. Elle a ensuite regagné Paris pour passer un DEA et faire son clinicat à l'hôpital Cochin. Toute cette agitation professionnelle parisienne ne correspondait pas au sens qu’elle souhaitait donner à sa vie, raison pour laquelle elle s’est installée en Corrèze avec son mari et ses enfants. Elle travaille depuis 21 ans au Centre Hospitalier de Brive, comme oncologue digestif. Elle a appris et continue d’apprendre sur la relation à l'autre à travers les patients, leur famille et son équipe, avec cette notion de temps qui n'est pas la même qu'à Paris. Aujourd'hui, Laure ne regrette aucun de ses choix.

Quelle est votre initiative de santé ?

L’initiative de « Tout commence par un rêve » a été de créer un évènement inédit pour mettre en lumière les femmes et les hommes suivis dans le pôle de cancérologie de Brive.

L’objectif était de leur offrir de vivre une expérience artistique et de monter sur les planches de la scène nationale du théâtre de l’Empreinte, à Brive.

Le point de départ a été de les interpeller sur ce qui les faisait rêver. Puis, la démarche a consisté à leur faire rencontrer des artistes de toutes disciplines confondues (Danseuse, musicien, comédien, chorégraphe, plasticien,…). Ensemble, ils ont créé la représentation artistique de ce rêve.

Le projet avait également pour objectif d’inclure les professionnels du pôle (médecins, soignants, paramédicaux, administratifs,…) et de tisser des liens nouveaux, en dehors du contexte habituel.

Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?

Monter ce spectacle, c’était faire le pari de la croisée du monde artistique avec celui du soin. Une véritable confrontation de codes et de représentations respectives dans le but de s’accorder pour servir une action collective. Ce sont davantage des difficultés que des obstacles que nous avons rencontrées. La première a été celle de rassembler près de 80 personnes d’horizons divers : patients, soignants, artistes, pour créer ensemble. La seconde était liée à la première, à savoir la notion du temps. Que les professionnels et les amateurs puissent se libérer pour les répétitions.

Quels sont les enjeux actuels de la santé ?

Force est de constater qu’en 2024 la maladie isole encore… Les représentations sociales autour du cancer sont discriminatoires et stigmatisantes.

Dans leur combat face à la maladie, les patients ont justement besoin que l’on ne les regarde pas systématiquement comme des patients mais des femmes et des hommes avec toute leur singularité.

L’Art, dans son sens global, nous ramène à cela.

Le décloisonnement du milieu des soins de celui des pratiques culturelles doit permettre aux patients de retrouver du plaisir, de l’estime de soi et un certain épanouissement.

Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?

La santé technique et médicale gagne à s’ouvrir aux approches culturelles, artistiques et sportives.

Prendre soin à travers ces approches complémentaires c'est nourrir une médecine humaniste.