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Ghada Hatem
La Maison des Femmes de Saint-Denis
Quel est votre projet ?
Après avoir fondé la Maison des femmes en 2016, lieu de soin pour patientes victimes de toutes les formes de violences sexistes et sexuelles, je souhaite développer et dupliquer ce modèle qui a fait les preuves de son efficacité.
Une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, sages-femmes, psychologues, assistantes sociales, conseillères conjugales, kinésithérapeutes, ostéopathes, infirmières, secrétaires… accueille les patientes victimes de violences conjugales et intra-familiales, de viols, d’inceste ou d’excision. Elle leur propose un parcours de soins coordonné incluant des groupes de paroles thématiques, un accompagnement juridique, un soutien pour le retour à l’emploi et la possibilité de porter plainte sur place.
Pour compléter l’offre de soins, nous avons développé de nombreux ateliers pour améliorer l’estime de soi et les compétences de nos patientes. La pratique du théâtre, du karaté, du dessin, de la musique, de la danse, du jardinage, l’atelier beauté ou encore l’atelier de français leur permettent de reprendre le contrôle de leur corps et de leurs émotions et complètent efficacement les soins plus traditionnels.
La Maison des femmes œuvre également dans le champ de la santé sexuelle et reproductive, au travers des avortements (médicamenteux et chirurgicaux, sous anesthésie locale ou générale), de la contraception notamment d’urgence, de l’accueil des adolescents et des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dispensées dans les lycées et les collèges.
Ces interventions, de même que les formations que nous proposons sur site mais aussi dans différentes structures ou au sein des entreprises font de ce lieu un acteur essentiel dans le domaine de la prévention.
Pour compléter cette offre de soins, je souhaite inclure un accueil 24h/24 des victimes de viol, avec recueil des preuves et dépôt de plainte.
Enfin, pour faciliter la duplication de la structure, j’ai créé un collectif qui réunit les équipes engagées dans cette prise en charge, le collectif Re#Start afin qu’ensemble nous puissions développer et affiner le modèle. Nous avons eu la chance qu’un collectif de mécènes s’engage à nos côtés, ce qui facilitera le financement des différentes structures.
Du fait d’un manque chronique de place, l’hébergement des victimes est une problématique récurrente. Pour y répondre, nous créons, dans un ancien hôtel parisien, un lieu de vie pour jeunes femmes de 18 à 25 ans sans enfants, la structure « Mon Palier » qui ouvrira en septembre 2021.
Pour mener à bien ce projet atypique il a fallu :
- convaincre différents acteurs : l’hôpital, des investisseurs privés, l’ARS et enfin le gouvernement pour la création d’une mission d’intérêt général dédiée à la médecine de la violence,
- animer un réseau de professionnels et d’associations dans les domaines du droit, de la justice, de la police, de l’éducation ou de l’hébergement est essentiel mais l’arrivée d’un nouvel « opérateur » génère beaucoup de méfiance,
- créer et soutenir une équipe de professionnels, garantir le financement des salaires, inventer des modalités de prise en charge ont été des étapes délicates mais riches d’enseignement. Le ministère de la santé a diligenté un audit de l’IGAS dès l’ouverture de la structure, qui a permis de signer une convention inédite entre l’association porteuse du projet et l’hôpital pour la gestion des ressources humaines à partir de financements issus du privé.
Enfin, nous avons construit un réseau de soutiens et de mécènes, aujourd’hui précieux pour la suite de l’aventure.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
Les enjeux actuels de la santé sont multiples notamment du fait du vieillissement de la population et des maladies chroniques liées à l’âge, à l’environnement et à tous les méfaits de nos nouveaux modes de vie. La prévention et l’éducation, parents pauvres de la santé, doivent être mis à l’honneur. A titre d’exemple, les interventions scolaires qui sont obligatoires 3 fois par an de la maternelle à la terminale devraient bénéficier de financements car elles seraient pour les jeunes un vecteur idéal de messages de prévention mais ne sont qu’exceptionnellement mises en œuvre par manque de moyens.
Dans le domaine de la gynécologie-obstétrique, la recherche est essentielle pour améliorer la prise en charge des cancers gynécologiques, de l’infertilité, de l’endométriose, de la contraception ou des accidents obstétricaux tels que morts fœtales, éclampsies ou retards de croissance sévères. La France fait face à une difficulté spécifique concernant les sages-femmes qui désertent les salles de naissance, mais aussi pour les carrières hospitalières en général qui rebutent les jeunes praticiens tant l’hôpital s’est progressivement déshumanisé.
Il est urgent de repenser la place respective des soignants et des administratifs, de redonner de l’autonomie aux équipes et de s’appuyer sur l’expérience des patients dans l’élaboration des projets de soin.
Dans le champ d’activité de la Maison des femmes, la lutte contre les violences éducatives et intrafamiliales associée à des mesures exceptionnelles pour la protection de l’enfance et pour la prise en charge des auteurs nous semblent fondamentales. La gravité des séquelles liées aux violences subies sur la santé globale des humains est aujourd’hui reconnue et documentée, et le coût de leurs conséquences évalué. Investir dans leur prévention et dans une meilleure prise en charge précoce serait aussi économiquement intéressant.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
La population serait formée à la prévention et adopterait des modes de vie protecteurs et économes. Des « maisons de santé » aux missions élargies seraient disséminées sur l’ensemble du territoire afin de lutter contre la désertification. L’hôpital serait réservé aux prises en charge complexes nécessitant des plateaux techniques performants, mais les parcours de soins seraient pensés au bénéfice des patients et totalement fluides.
La coordination serait sans faille entre médecins traitants et spécialistes hospitaliers, et les soins à domicile simples à mobiliser et parfaitement sécurisés.
La maltraitance, tant intentionnelle que structurelle, liée aux soins serait totalement éradiquée, et les ressources humaines seraient ajustées aux besoins.
La santé au travail ferait l’objet d’une attention particulière notamment pour la prévention des risques psycho-sociaux.
Le financement à l’activité serait modulé et inclurait les dimensions de qualité et de bientraitance tant des patients que des soignants.