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Cécile Badoual
CoMPap
Le Professeur Cécile Badoual est cheffe de service d’anatomo-pathologie de l’hôpital européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris. Elle est spécialisée en pathologie ORL et en particulier dans les cancers induits pas une infection par Papillomavirus. Elle est une des expertes OMS-WHO classification. Elle dirige un groupe de recherche, dans l’équipe 10 du Pr E Tartour, Unité INSERM U 970, PARCC, Université Paris Cité, dédié à une meilleure compréhension de l’immunité de ces cancers. Elle a aussi créé avec toute une équipe médicale et paramédicale de l’HEGP une consultation dédiée aux patients ayant un cancer lié au Papillomavirus Humain « Papillomavirus » - CoMPap. Il s’agit d’une approche originale de suivi au long cours des patients ayant un cancer lié au papillomavirus. Très impliquée en formation, elle est vice-Présidente Formation de l’Université Paris Cité, elle a à cœur de communiquer auprés des patients et de la population générale. Elle a ainsi créé, entre autres, un site https//:toutsavoir-hpv.org.
Quelle est votre initiative de santé ?
Les Papillomavirus Humains (HPV) vous les connaissez, ils font partie d’une famille de virus qui peuvent donner des lésions bénignes, comme des verrues plantaires, ou des condylomes, des papillomes. Ces lésions peuvent se retrouver au niveau de la peau ou des muqueuses. Il existe certains papillomavirus, que l’on dit de haut grade dont l’infection au niveau des muqueuses est associée à un risque de faire un cancer. Ces HPV sont ainsi à l’origine de cancers du col de l’utérus, du vagin, de la vulve, du pénis, et chez les hommes comme chez les femmes de l’anus et de l’oropharynx (fond de la gorge). Environ 7% des cancers dans le monde sont liés à ce virus. En France cela représente/an 3.400 cancers et 32.000 lésions précancéreuses du col de l’utérus, plus de 2.000 cancers ORL et 1.400 cancers de l’anus.
Quand on a un de ces cancers liés à HPV il est traité mais il n’y a pas de traitement spécifique de l’infection virale. Il est donc difficile d’évaluer le risque de faire un second cancer ou d’avoir des lésions liées à HPV dans un organe différent de celui où se situe le cancer.
Avec toute une communauté de soignants j’ai créé à l’hôpital Georges Pompidou (AP-HP) en lien avec l’Université Paris Cité une consultation dédiée à la prise en charge des patients ayant un cancer HPV induit (CoMPap). Les patients à la fin de la prise en charge de leur cancer ont la possibilité de s’inscrire dans la consultation.
Quand les patient(e)s intègrent la consultation ils/elles ont des questions, des doutes, des culpabilités et des angoisses qu’il faut prendre en charge, c’est ce qui a motivé la création de CoMPap. Comment je me suis contaminé(e) ? Quel est le risque pour mon conjoint(e) ? Quel est le risque de contamination pour les enfants ? Comment ne pas culpabiliser ? Comment puis-je vivre ma vie de couple ? Quel est mon risque de faire un autre cancer ? Pour toutes ces questions nous n’avons pas nécessairement de réponse, ou seulement parcellaires, c’est pour cela que collectivement nous essayons de faire avancer notre niveau de connaissance.
La première phase consiste à prendre le temps d’échange au sujet de HPV lors d’une consultation en immunologie clinique. Un bilan sanguin, des questionnaires sont réalisés. Ils sont aussi invités à profiter d’une prise en charge psychologique s’ils en sentent le besoin. Cet accompagnement leur est proposé tout au long de l’inclusion dans CoMPap. Puis tous les ans, et pendant 8 ans (le délai entre la contamination et l’arrivée de lésion prend plusieurs années, parfois même plus de 10 ans) les patients et les patientes viennent à l’hôpital et les gynécologues ou urologues, ORL, proctologues les reçoivent, les examinent et font des prélèvements. Les patients participent ainsi activement à la recherche et tous les ans nous les invitons à rencontrer la communauté médicale engagée dans cette aventure, les débats sont riches et nous poussent, nous soignants à se poser de nouvelles questions. Tout cela est coordonné par un référent CoMPAp qui organise les réunions, les consultations et qui est à l’écoute, en permanence des besoins des patient(e)s. Bien sûr si des anomalies sont détectées ils sont pris en charge par les équipes de soignants. Nous avons étendu cette consultation à d’autres hôpitaux de l’AP-HP, bien sûr notre souhait est que cette consultation devienne à terme la norme de suivi de patients ayant eu un cancer lié à HPV. Pour accompagner cette consultation le site www.toutsavoir-hpv.org fourni des informations et des documents sur HPV, certaines vidéos même ont été vues plus de 700.000 fois !
Quels ont été les obstacles rencontrés pourmonter cette initiative ?
Pouvoir organiser une telle consultation a nécessité des expertises et des savoirs faire très différents. Dès la création de la consultation les soignants et les administratifs de l’hôpital Georges Pompidou ont été très impliqués et engagés. Nous avons été aidés par l’hôpital et l’université et les patients ont tout de suite adhéré au projet. Toute cette belle énergie a permis de démarrer rapidement sans véritablement de moyen. Mais l’obstacle le plus important pour préserver, étendre ce concept à l’HEGP et dans les autres hôpitaux est le manque de financement. Cette consultation, dédiée aux patients est un peu atypique, entre le suivi et le soin de patient qui ne ressemble pas à une filière de soin habituelle, ou de recherche. Nous avons besoin de moyens pour recruter des coordinateurs, produire des documents d’information ou payer tout simplement le matériel médical nécessaire à la consultation. Les aides de donations.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
Les enjeux sont multiples : vieillissement des populations, augmentation des patients ayant des maladies chroniques, la sédentarité et le surpoids. La plus grande partie de ces risques est associé à celui de développement de cancers. L’éducation des populations, le développement d’outils de communication efficaces et adaptés sont indispensables pour juguler ces risques. Mettre en œuvre une prévention massive est absolument indispensable et représente un enjeu majeur. La vaccination est un levier fort de prévention primaire. Déployer des outils ou des techniques permettant de détecter précocement les lésions est une des clés de la réussite des soins de demain. Mais les innovations techniques ne peuvent et ne pourront avoir de sens que si elles sont adossées à des soins attentifs et adaptés. Il est urgent de ne pas oublier que la prise en charge d’un ou d’une patient(e) est avant tout une relation humaine, qui nécessite du temps, de l’écoute et de l’expertise.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
Encore plus efficace et innovante. Les progrès techniques poussent tous les jours les frontières de nos connaissances, c’est exaltant. Mais elle ne pourra avoir de sens que si cette santé est pensée dans sa globalité, avec un accent mis sur la prévention et le soin (dans le sens care et non cure). La préservation d’un système public fort et dynamique en est une des clés principales. L’enjeu est de taille il s’agit ici de continuer à accompagner la formation des soignants, le développement de la recherche tout en prenant en charge de pathologies aussi diverses que variées dans des conditions optimales.