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Bernadette Rwegera
Association Ikambere
Bernadette Rwegera est entrepreneuse sociale depuis près de 30 ans. Originaire du Rwanda, elle est arrivée en France en 1989 afin de poursuivre un DEA d’anthropologie à l’EHESS pendant lequel elle réalise un mémoire sur les femmes et enfants migrants face au VIH en Ile-de-France. Frappée par leur situation de grande précarité et d’isolement, elle décide de créer l’association Ikambere – la Maison accueillante – avec sa raison d’être : renforcer le pouvoir d’agir de ces femmes cumulant des vulnérabilités socioéconomiques et de santé, pour qu’elles puissent devenir actrices de leur vie et améliorer leur bien-être.
Grâce aux avancées thérapeutiques à la fin du XXe siècle, les personnes vivant avec le VIH pouvaient désormais envisager une (ré)insertion socio-professionnelle et une espérance de vie équivalente à la population générale. Bernadette met alors l’insertion au cœur de sa méthodologie d’accompagnement, en fondant en 2002 le chantier d’insertion La Main Fine.
Reconnue pour son expertise et son engagement, Bernadette rejoint des instances de gouvernance associative et participe à des groupes de travail sur les politiques publiques de santé et de solidarité. Actuellement, elle est Secrétaire Générale du CRIPS (Centre Régionale d’Information et de Promotion de la Santé) et administratrice de Paris Sans Sida et du Filon (association accompagnant les femmes sans abris).
Bernadette est Chevalier de l'Ordre National du Mérite et obtient en 2019 le Trophée « Elle de France » de la Région Ile-de-France. Elle reçoit en 2022 la Légion d'honneur, une distinction nationale, symbole de reconnaissance de son engagement auprès des plus fragiles.
Quelle est votre initiative de santé ?
Ikambere est née pour renforcer le pouvoir d’agir des femmes en situation de précarité et d’isolement vivant avec le VIH. En 2019 et 2020, plusieurs études externes ont permis de formaliser le modèle d’accompagnement d’Ikambere et d’identifier ses trois piliers théoriques : la pyramide de besoins de Maslow, l’empowerment individuel et la pair-aidance. Les études ont également démontré la singularité de ce modèle pour promouvoir la santé et l’autonomie des femmes cumulant la maladie et la vulnérabilité socioéconomique.
Forte de ses 20 ans d’expérience et à la demande des professionnels de santé du territoire, Ikambere a mené une réflexion sur la pertinence de son modèle d’accompagnement global pour des femmes vivant avec d’autres maladies chroniques. Le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle ont été identifiés comme maladies prioritaires, en raison de leur lien avec la précarité et la centralité de changements comportementaux dans leur prévention et leur prise en charge. C’est ainsi qu’Ikambere a décidé d’amplifier son impact en créant la Maison apaisante en 2022. La même année, Ikambere crée la Maison reposante, au cœur du Vexin français, afin de proposer des séjours de répit aux femmes accompagnées.
Ikambere intervient également dans le champ de la médiation en santé auprès des populations défavorisées pour promouvoir la santé et améliorer l’accès et le recours aux droits et aux soins.
Enfin, Ikambere produit et diffuse le savoir de terrain par des études, formations et colloques afin d’améliorer la prise en charge globale des publics en situation de vulnérabilité.
Chaque année, Ikambere accompagne près de 600 femmes dans ses maisons, sensibilise près de 2500 personnes à la santé et aux droits et forme 600 professionnels.
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
Lorsque j’ai fondé Ikambere, j’ai été confrontée à la réticence de certains professionnels de santé qui ne croyaient pas au modèle. Il était essentiel pour moi de les convaincre car le modèle repose également sur leur confiance et leur capacité à orienter les femmes vers Ikambere.
Par ailleurs, tous les services proposés aux femmes sont gratuits. Il a fallu et il faut encore et toujours mobiliser les ressources pour proposer aux femmes un accompagnement de qualité.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
L’un des principaux enjeux réside dans la prise en compte des contextes de vie des personnes vivant avec une maladie chronique. Prendre la personne dans sa globalité et identifier les freins et leviers de sa prise en charge. Accompagner une personne diabétique qui n’a pas accès à une alimentation équilibrée du fait de son contexte économique et social se révèle complexe et beaucoup de professionnels manquent d’outils et de lieux ressource. La prise en charge médicale seule ne peut être suffisante pour les personnes les plus vulnérables. Il est essentiel de former, sensibiliser et diffuser les enjeux de la prise en charge des maladies chroniques dans un contexte de précarité et d’isolement.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
On souhaite une équité en santé, une notion qui signifie que chaque personne a un accès égal aux possibilités de vivre en bonne santé, indépendamment de sa situation sociale, économique ou démographique. Pour cela, il est essentiel d’agir sur les déterminants sociaux de la santé, comme le revenu, le logement ou l’insécurité alimentaire, et d’aller vers les populations les plus éloignées du système de soins et de l’information.
Il est essentiel d’envisager les futures politiques publiques de santé en agissant sur les déterminants sociaux de la santé.