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Béatrice Carton
Association des Professionnels de Santé Exerçant en Prison
« Béatrice Carton, 54 ans, médecin généraliste en prison. Après des études de médecine en région parisienne, assistante généraliste en service de médecine au centre hospitalier de Versailles, je suis arrivée un peu par hasard en prison dans le service UCSA, service médical hospitalier délocalisé en établissement pénitentiaire il y a 20 ans. Je travaille avec plaisir auprès des patients au centre pénitentiaire de Bois d’Arcy, établissement d’hommes et à la maison d’Arrêt des femmes de Versailles. Depuis 2019, je suis présidente de l’Association des Professionnels de Santé en Prison, engagée auprès des autres professionnels pour faire évoluer les soins et le regard en prison. Enfin, je suis membre du Comité Prison de la Fondation de France. »
Quel est votre projet ?
Mon projet c’est l’APSEP, une Association qui regroupe les Professionnels de Santé Exerçant en Prison. Une association qui regroupe toutes les actrices et les acteurs de santé, lesquels sont isolés du fait de leur lieu d’exercice et qui se sont engagés auprès des personnes détenues. Aucun à priori, juste la simple volonté de soigner. À nous tous, nous souhaitons faire évoluer le regard porté sur des femmes et des hommes dont le parcours de vie les mène à un moment donné en prison.
Les professionnels en prison se mobilisent pour leurs patients, ce qui nécessite un dynamisme sans faille et des capacités d’adaptation constantes. Nous sommes des actrices et acteurs de terrain, interlocuteurs des institutions que sont le Ministère de la Santé et celui de la Justice dans le but de défendre une médecine plus humaine, plus équitable en milieu carcéral.
L’APSEP organise un congrès tous les 18 mois pour faire évoluer nos pratiques et partager nos expériences.
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
Le projet est né de la volonté forte de rassembler les professionnels pour créer une dynamique d’amélioration des soins en milieu pénitentiaire. Deux mondes, deux logiques s’affrontent, celle du soin et celle de la sécurité. Pour autant, nous devons composer pour faire admettre le bien fondé d’un lieu de soins apaisé pour une prise en charge optimale. Désormais, l’hôpital a sa place en prison mais il faut toujours « lutter » pour que les problématiques de santé ne soient pas relayées après toutes les autres et notamment après celles du judiciaire. Nous défendons l’éthique qui reste un questionnement central en milieu carcéral pour les professionnels de santé.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
La santé évolue de façon merveilleuse et on voit bien combien sont capables de se mobiliser les soignants et la recherche médicale. Cependant, pour moi, un des enjeux actuels doit rester la prise en charge, le respect à la fois des soignés et des soignants. Il faut participer au développement d’une médecine plus performante, plus technique, plus efficace sans pour autant négliger l’humain, la part de subjectivité, le besoin d’attention que ce soit pour les patients mais aussi pour les soignants. Cela semble évident mais un soignant malheureux n’est pas à même d’accueillir la détresse physique et/ou morale de son patient.
En prison, la santé est confrontée à des problématiques de surpopulation, de moyens qui ne sont pas en adéquation avec le nombre de patients pris en charge et à l’importance de la mission.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
Je suis optimiste, dans 10 ans, je vois la santé comme des actions menées par des femmes et des hommes qui continuent d’être motivés, d’être engagés. C’est peut-être ringard mais je crois à la notion de vocation, probablement parce que c’est ce qui motivent les acteurs de santé en prison. La vocation n’est pas nécessairement innée, elle peut aussi naître sur le terrain. Nous apprenons en détention à soigner des maladies visibles et invisibles.
Dans 10 ans, j’espère que la promotion de la santé aura évoluée, qu’elle sera considérée pour ce qu’elle est : un véritable outil, et sera intégrée aux prises en charge.
Dans 10 ans, j’espère que chacun sera acteur de sa santé et que nous aurons tous accès à un système de santé humain et équitable.
Dans 10 ans, en prison, j’espère que la santé ne sera jamais remise en question. J’espère que nos patients vivront dans des conditions suffisamment dignes pour que leur santé soit une de leur préoccupation. J’espère que la santé en prison sera plus ouverte vers l’extérieur et que nos patients pourront continuer de profiter des évolutions du dehors grâce à des soignants du dedans qui feront le lien.