Salariée dans un grand groupe à La Défense, Audrey Bouyer s’intéressait à l’innovation et à la technologie. Avec la naissance de son premier enfant et un accouchement par césarienne d’urgence mal vécu, cette CEO engagée est confrontée à une réalité dont on parle peu : de nombreuses femmes souffrent de ne trouver aucune lingerie dédiée ni parcours de soins adaptés à leurs cicatrices post-opératoires ou lors de l’accouchement. Pour plus de 300 000 femmes par an en France (et plus de 80 millions dans le monde), qui vivent des césariennes et des cicatrices abdominales ou périnéales, s’habiller devient vite une souffrance quotidienne. Or, elle rappelle qu’une cicatrice physique non prise en charge et non soulagée devient aussi une cicatrice psychologique. Elle décide alors de créer Wounded Women il y a 2 ans et d’implémenter une approche intégrative du soin pour toutes ces femmes : lingerie spécialisée unique au monde (brevet), formation et prévention sur le parcours patient et un podcast pour créer du lien au sein de sa communauté de patientes. Audrey est maman de deux enfants de moins de 5 ans et est patiente partenaire engagée auprès des hôpitaux.

Quelle est votre initiative de santé ?

Plus de 300 000 femmes par an en France souffrent de leur cicatrice abdominale. Pour la moitié (150 000) il s’agit de césarienne : 1 femme sur 5 en France, 30 millions dans le monde chaque année. Si ces chirurgies ou accouchements médicalisés sauvent la vie des femmes (et de leur bébé), le manque de protocoles et de soutien pendant la convalescence plonge une majorité de ces femmes dans une détresse physique et psychologique. Parfois seulement quelques semaines ou mois, parfois des années : le suicide reste la 1ère cause de mortalité des femmes dans la 1ère année de vie de l’enfant en France (chiffres avril 2024).

J’ai créé Wounded Women il y a bientôt 2 ans après ma césarienne d’urgence pour mon 1er enfant que j’ai vécue dans une solitude absolue. Animée par l’obsession qu’aucune femme ne devait se sentir seule j’ai décidé d’inventer une approche pluridisciplinaire unique : une lingerie dédiée à nos besoins, un parcours patiente sur-mesure et un podcast pour se retrouver et se soutenir.

Wounded Women est donc la 1ère start-up Femtech engagée qui innove pour améliorer la récupération des femmes en post-partum avec des cicatrices, en post-opératoire et pour toutes les douleurs du quotidien grâce à 3 axes clés :

• Wounded Women Underwear ® : la première lingerie innovante spécialisée (BREVET), qui soulage les cicatrices de la maternité (césarienne, épisiotomie, déchirures…) ou une chirurgie abdominale, développée avec les professionnels de santé et les femmes patientes : 2 gammes innovantes uniques au monde soulagent les cicatrices abdominales et périnéales des femmes pour soutenir leur convalescence. Nos clientes sont françaises, canadiennes, européennes, japonaises, togolaises, dubaïotes, marocaines, australiennes…

• Wounded Women Care ® : la construction d’un parcours de soins intégratif pour un post-opératoire et un post-partum mieux vécu, en collaboration avec nos partenaires médicaux et des conférences & formations sur le parcours patiente pour aider les acteurs du soin à adopter cette approche intégrative et garder les femmes dans les parcours de soins.

La 1ère formation sort en avril 2024 !

• Wounded Women podcast ® : un podcast santé dans lequel les femmes partagent leur parcours de résilience avec leurs cicatrices et les professionnels de santé leurs conseils et leur rôle dans le processus de guérison.

Wounded Women devient la référence pour le mieux vivre en post-opératoire et travaille en collaboration avec un board médical de 17 professionnels de santé, un réseau d’hôpitaux partenaires et plus de 300 soignants et acteurs du soins (pharmaciens, associations de patients etc).

Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?

Finalement les obstacles rencontrés sont ceux que rencontrent de nombreuses initiatives en santé des femmes : trouver des financements et parvenir à vivre de cette initiative dans laquelle nous mettons toute notre énergie. Pour continuer de soulager et d’aider. C’est pour cela que Wounded Women va lever des fonds en 2024 : pour aller plus loin.

Depuis 2 ans je rencontre des acteurs et actrices du soins en ville et à l’hôpital et des patientes extraordinaires et j’ai une foi immense en un avenir meilleur pour notre santé et la prise en charge des femmes.

Quels sont les enjeux actuels de la santé ?

De mon point de vue qui écoute des femmes dans une grande détresse depuis 2 ans, je dirais que l’enjeu principal est que les pathologies et difficultés imputées aux femmes soient considérées comme des enjeux de santé publique : une femme qui souffre en post-partum c’est un foyer entier qui est impacté. L’enjeu absolu est que les femmes reçoivent les soins dont elles ont besoin pour une société plus équitable : des femmes qui vont mieux, qui travaillent sans souffrir et ne perdent pas en liberté économique, des femmes qui sont en meilleure santé physique et mentale.

Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?

Dans 10 ans j’espère que les recommandations que nous faisons pour une approche intégrative du soin sera implantée partout. J’ai espoir que les recommandations que nous préparons vers la HAS et nos instances de santé publique, basées sur les années d’expérience de nos soignants ainsi que les retours terrain de notre étude actuelle sur le vécu des patientes, déboucheront sur une révolution de notre système de prise en charge des femmes dans l’accouchement par césarienne.

Que les femmes qui vivent à la fois un accouchement et une chirurgie seront prises en charge à la hauteur de leurs cicatrices et de leur douleur.

Je pense aussi que la place du patient expert sera intégrée dans les réflexions sur les protocoles. Cette révolution du soin est une nécessité pour tous. C’est notre engagement pour les futures générations.