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Aude Michon Bouquet
Elles Dansent
Aude Michon Bouquet, alias Aude M, est une artiste au parcours engagé. Ancienne Notaire, elle quitte ce métier pour embrasser celui de Danseuse et choisir de dédier son art à l’accompagnement des personnes en grande vulnérabilité.
Elle fonde en 2012 l’action associative inclusive et solidaire : Elles Dansent, au bénéfice des personnes touchées par le cancer. Des cours de danse adaptée jusqu’à la danse au chevet à l’hôpital et en soins palliatifs, en passant par la scène et les spectacles inclusifs, Aude M porte la voix de la danse au service de la santé et du mieux-être des humains.
Quelle est votre initiative de santé ?
Je danse pour prendre soin.
D’abord grâce à la salsa que je pratique et enseigne depuis 20 ans et à la pédagogie inclusive et adaptée en danse, j’accompagne depuis 12 ans les personnes touchées par le cancer quotidiennement. J’ai fondé en ce sens l’action associative Elles Dansent.
L’objectif avec la danse adaptée est d’offrir un support pour mieux gérer la maladie et les traitements pendant et après le parcours de soins. Les lieux sont variés pour offrir plus de choix et de confort : à l’hôpital, en structures dédiées aux soins de support, en salles de danse.
J’apporte la joie, je réinsuffle la confiance et favorise un mieux-être grâce à une activité physique adaptée à chacun.e ; je donne une place à l’expression corporelle et à l’expression de soi par la dimension artistique et ainsi j’offre un espace de liberté pour libérer les émotions ; j’impulse les rencontres pour la conservation du lien social ; je propose de participer à des projets artistiques avec une dimension créative et scénique pour approfondir la démarche personnelle et ouvrir de nouveaux horizons.
De manière plus large grâce à la danse (j’ai un prix de conservatoire en danse classique et je danse de nombreuses danses depuis 40 ans), je danse au chevet des patients du cancer en hôpital de jour et en hospitalisation complète, et aussi au chevet des personnes en fin de vie en unité de soins palliatifs. Cette proposition profite aussi aux proches et aux soignants.
Je participe également à des initiatives d’accompagnement par la danse en résidences gériatriques pour des personnes touchées par des AVC, par la démence déambulatoire et la maladie d’Alzheimer. Je crée et transmets des chorégraphies adaptées et je propose des rendez-vous de danse aux résidents. Une manière de les stimuler physiquement et psychologiquement, d’enchanter leur quotidien, de créer du lien chaleureux et amical, de procurer des émotions positives grâce à la musique et la danse.
Enfin, je donne spécifiquement du temps aux soignants avec des cours de salsa en salles dédiées ou directement dans leurs services.
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
A l’origine, ce qui m’anime est une idée sans prétention, celle de faire du bien à des femmes qui sont en grande vulnérabilité, grâce à la salsa. Cette idée va devenir un projet : l’action associative Elles Dansent.
La première difficulté rencontrée sera celle de ma légitimité, car j’aurais à changer de posture et à m’exposer dans un domaine que j’apprends à connaître en autodidacte par les récits des participantes à mes cours, par la lecture d’ouvrages spécialisés et par les expériences que je retire.
Par la suite, un autre obstacle sera celui du temps : être à la fois avec les patient.es et conserver ma mission artistique dans le soin, en même temps qu’être derrière un ordinateur ou au téléphone pour gérer et développer l’action (les bénévoles, les financements, les partenariats, la communication, les événements, les interviews…) va demander une énergie excessive.
Enfin, convaincre les partenaires et les financeurs des bienfaits de l’action fut particulièrement challengeant.
Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
Dans le domaine de la prévention de la maladie, j’aspire à ce que les recommandations portent davantage sur les bonnes pratiques pour se maintenir en santé, et notamment sur l’importance d’intégrer la santé dans le quotidien, dès le plus jeune âge. J’aspire également à un discours moins culpabilisant et moins effrayant pour parler du dépistage.
Dans le cadre d’un retour à la santé après une maladie, aujourd’hui, il m’apparaît intolérable pour bon nombre de personnes de ne pas avoir accès aux soins de support. Les patients recherchent comment sortir de l’état de malade et retrouver une vie normale où s’en approcher le plus. Il est de mon point vue essentiel de mettre l’humain au centre de toute reconstruction post-maladie, d’apporter à ces personnes les moyens de se réapproprier leurs corps et leurs âmes, de retrouver une vie sociale et une vie active (selon leur âge). La danse comme de nombreux soins de support apportent des réponses. Le domaine du soin doit s’ouvrir plus largement sur ces disciplines et techniques complémentaires de santé. Cet enjeu est aussi crucial dans le cadre des maladies chroniques.
L’apport du numérique est essentiel dans la gestion d’un parcours de soin comme celui du cancer qu’il soit au service du mieux-être du patient ou pour une optimisation de la gestion des soins par les unités de soins. Pour le moment, le numérique a beaucoup déshumanisé les soins. Il occupe une place centrale au détriment de la relation soignants-soignés.
Et dans 10 ans, comment voyez-vous la santé ?
Je soutiens que toutes les avancées technologiques ou numériques font partie de l’évolution. Je milite pour qu’elles soient des supports pour les humains. Je crains cependant qu’elles ne les dépossèdent de leur indépendance. J’imagine que d’ici 10 ans si toute cette intelligence artificielle est savamment utilisée par l’humain, il pourra à son contact développer de nouvelles intelligences propres au service de la santé.
Il n’en demeure pas moins que la santé des êtres vivants est menacée par les effets des changements climatiques sur leur santé et je pense que l’humain devra d’une manière ou d’une autre revenir aux essentiels : respirer, boire, manger, bouger. Je ne sais pas si notre système de santé pourra pourvoir à cela.
Je propose donc de revenir à l’humain : créer du lien, la rencontre, l’être ensemble.