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Anne-Sophie Tuszynski
Cancer@work et Wecare@work
Quel est votre projet ?
Mes deux projets ont la même raison d’être : concilier santé et vie professionnelle.
Cancer@Work est un club d’entreprises qui réunit des dirigeants engagés. Ses missions sont simples : mobiliser le plus grand nombre d’entreprises possibles, partager les (bonnes) pratiques et créer des contenus, mesurer l’évolution des attentes des actifs et l’impact de nos actions et de celles de nos membres et participer solidairement à la réinsertion professionnelle des personnes malades. Nous avons la chance d’avoir comme Président Philippe Salle, dirigeant de Foncia, et 5 administrateurs, dirigeants d’entreprise de taille et de secteurs d’activité variés, tous très engagés. Notre conseil d’administration est à parité, composé de 3 hommes et 3 femmes, avec parmi les membres, 2 personnes directement concernées par la maladie.
Wecare@Work est une-start up à mission, cabinet de conseil aux entreprises et organisme de formation certifié Datadock pour mieux concilier maladies et travail, au travers d’action de sensibilisation, des formations ou des accompagnements individuels ou collectifs. Notre offre est disponible en ligne et grâce à notre réseau national de consultants, constitué exclusivement d’anciens malades ou aidants. Chez Wecare@Work comme chez Cancer@Work, en matière de maladie au travail, on sait de quoi on parle ! Il nous semble indispensable d’être alignés dans nos projets. La solidarité est également une valeur essentielle dans nos deux organisations ; c’est la raison pour laquelle une partie de nos revenus sont dédiés à des actions solidaires d’insertion et de réinsertion et la mise à disposition d’un outil gratuit : ALLO Alex qui est une ligne téléphonique et un blog qui répondent aux questions soulevées par la maladie au travail.
Notre ambition est de faire changer la place des personnes malades dans la société. Quand une situation de maladie grave ou durable apparaît, on pense difficultés, désorganisation, coûts. C’est en partie vrai. Mais ces situations sont également une occasion de progrès et d’innovation et une source de création de valeur économique, pour les personnes, pour les entreprises et pour la société. Mes projets illustrent cela, à leur manière. En quelques années, nous avons créé une dizaine d’emplois, fédéré une centaine d’entreprise et sensibilisé près de 2 millions de salariés, accompagné dans le maintien dans l’emploi près de 1000 personnes.
Et nous sommes rentables, dès le 1er jour. Pour asseoir son modèle et accélérer, Wecare@Work a réalisé une levée de fonds en amorçage auprès d’un fond impact. Et nous n’avons pas l’intention de nous arrêter là. Car nous savons pourquoi nous nous levons chaque matin : redonner une place aux personnes malades dans le monde du travail.
Quels ont été les obstacles rencontrés pour monter le projet ?
Le premier obstacle, cela a été moi-même : j’ai dû prendre conscience et accepter les conséquences de la maladie et leur impact dans ma vie, y compris professionnelle : douleurs, fatigue chronique, difficultés de concentration, pertes de mémoire… il a fallu que j’apprivoise ces conséquences et que j’adapte mes conditions de travail à ces obstacles. Personne ne les avait évoquées dans mon parcours de soins. Je me suis sentie assez seule face à ces obstacles.
Les autres difficultés relèvent d’une société qui n’est pas préparée, pas adaptée pour accueillir les personnes malades. S’agissant de mes projets personnels et professionnels je fais face à des difficultés d’emprunt ou d’assurance pour les mener à bien. Je l’ai vécu comme un manque de confiance de la société dans ma capacité à vivre, à créer, durablement. Mais cela a aussi été un moteur, un moteur d’engagement et un moteur pour aller chercher des solutions ou les inventer. Nos deux projets sont nés de ces obstacles et de la volonté de les surmonter et de faire bouger les lignes pour offrir aux personnes malades ou proches aidants de nouvelles perspectives. Nous avons la conviction que la maladie, de ma même manière qu’elle peut permettre à une personne de se dépasser, peut rendre un collectif, une entreprise plus performante.Quels sont les enjeux actuels de la santé ?
Les enjeux actuels de la santé me semblent être de se recentrer sur ses bénéficiaires et de s’ouvrir à son environnement de manière large. Je pense que la santé ne peut pas faire route seule et que nos systèmes doivent davantage se connecter et interagir avec au centre, les personnes. Il faut arrêter de fonctionner « en silos ». Santé et emploi sont notamment étroitement liés : les actifs par leurs cotisations génèrent des revenus pour la sécurité sociale qui permettent de soigner. Si après avoir été soignés, on ne permet pas aux personnes de revenir dans l’emploi, alors tout le système est fragilisé et nous risquons de ne pas pouvoir transmettre à nos enfants le précieux héritage que nos grands-parents nous ont légué en 1946 et qui fait que je suis avec vous aujourd’hui, grâce à une prise en charge médicale de qualité et gratuite. On ne peut pas continuer, si on souhaite être efficace, considérer les personnes uniquement sous l’angle médical, en tenant si peu compte dans le parcours de soin de la vie familiale, sociale et professionnelle. Ce qui vaut pour la santé vaut également pour le monde du travail. Nous ne sommes pas des robots ! Nous ne pouvons laisser nos problèmes, nos joies, nos émotions aux portes de l’entreprise. Un de nos enjeux majeur est de laisser la place à notre humanité.
Et dans 10 ans, vous voyez ça comment ?
J’espère que nous saurons mieux concilier santé, vie familiale et vie professionnelle, dans une société plus inclusive où la maladie, le handicap, les différences et les particularités de chacun ne seront plus vues comme des difficultés mais comme des chances au sein d’un système centré sur les personnes plus que sur lui-même. Je vois la santé « connectée » au sens digital du terme mais aussi au sens large : des robots, des applications, capables de faciliter les connexions entre les personnes, leurs besoins au sens large et les réponses et solutions disponibles pour une meilleure santé, une qualité de vie globalement améliorée, partout, dans tous les territoires. Je suis certaine que les patients ont un rôle majeur à jouer dans l’avenir de la santé. Leur expérience de vie, les connaissances acquises, les compétences et les qualités développées en font des ressources précieuses dans une démarche d’amélioration continue de notre système de soins. Dans 10 ans, j’imagine que cette expertise sera de plus en plus reconnue et j’espère rémunérée, à sa juste valeur. Une belle occasion de faire évoluer la place et l’image des personnes malades dans la société !